Développer les demandes

La demande (ou mand) est un comportement qui apparait quand la personne a besoin ou envie de quelque chose, et est renforcée par l’obtention de ce qu’elle a demandé.

Par exemple, une personne qui demande un verre d’eau dira “Donne moi un verre d’eau, s’il te plaît”. La personne a soif (déprivation), elle a besoin d’eau et seul le verre d’eau renforcera sa demande.

Etat de déprivation ou stimulation aversive	—>	mand	—>	renforçateur spécifique
soif	—>	demande « eau »	—>	obtient eau
Enfant veut dessiner mais n’a pas de crayon	—>	demande « crayon »	—>	obtient les crayons

Le mand est un comportement verbal, définit en 1957 par Skinner : le comportement verbal est un comportement qui est renforcé par la médiation d’autres personnes.

Il y a différents types de mand :  le mand d’attention, le mand pour un objet tangible, le mand pour une activité, le mand pour arrêter quelque chose, le mand d’information.

Les personnes avec autisme s’engagent dans des comportements problèmes qui interfèrent avec les apprentissages, peuvent ne pas développer de communication fonctionnelle, ou de réponses sociales adaptées. Ces difficultés peuvent être améliorées à travers l’apprentissage des mands. En effet, demander diminue les comportements problèmes, augmente les initiations sociales, augmente toutes tentatives de communication

Le mand a un bénéfice direct, c’est le comportement verbal le plus facile à acquérir et avec une valeur fonctionnelle importante.

Le mand est le premier opérant verbal acquis chez le jeune enfant. Le bénéfice est immédiat pour celui qui fait la demande. Il permet d’obtenir quelque chose que la personne veut. Il permet de se débarrasser de ce que la personne ne veut pas

Comment enseigner les demandes ?

Les demandes varient en force suivant l’état de déprivation de l’organisme ou les stimulations aversives concernant ce renforçateur.

Cette notion est importante pour l’enseignement des mands car notre objectif va être d’enseigner à la personne à demander en fonction de ces antécédents (besoin ou envie de quelque chose) et d’enlever toute autre guidance apportée lors de l’apprentissage.

Les mands peuvent avoir différentes formes. Elles peuvent être vocales, sous forme de signes, avec des images, des expressions faciales, des comportements inappropriés…

Une première question à se poser est : qu’est-ce qui motive la personne à qui je veux enseigner les demandes? A quel moment est-elle motivée?

Tout mand est contrôlé par une motivation. Il faut une motivation suffisamment forte pour mettre en place l’enseignement. La motivation varie à travers le temps et les effets peuvent être temporaires. Nous allons devoir capturer cette motivation ou la provoquer. On doit être capable d’identifier la présence et la force d’une motivation, et l’utiliser quand elle est présente. Il est important d’avoir en tête également qu’un comportement trop difficile influence la motivation.

Afin de favoriser les demandes, il est important d’arranger l’environnement pour créer les demandes :

• Restreindre l’accès aux objets et événements renforçants : mettre hors de portée les objets que la personne utilise régulièrement et qu’elle sera susceptible de demander, bloquer l’accès aux placards, lors de jeux ou d’activités, lui reprendre certains objets pour qu’elle ait besoin de demander, lui donner accès à ce qu’elle demande par « petits bouts » (1/4 de verre d’eau pour qu’elle demande 4 fois au lieu d’une, une seule partie de l’objet…), créer la motivation pour des « consommables », c’est-à-dire des objets qui ont une fin (toupie, bulles…). Dans la vie de tous les jours, nous sommes régulièrement en état de déprivation, nous pouvons utiliser ces déprivations naturelles pour enseigner les demandes.

• En utilisant des situations aversives existantes. Des stimulations aversives apparaissent régulièrement tous les jours (piqûres de moustiques, coup de soleil, musique trop forte, fumée de cigarette, exercices difficiles …). Nous pouvons utiliser ces stimulations aversives naturelles pour mettre en place l’enseignement.

• En augmentant la valeur d’un objet ou d’un événement. Il faut rendre le renforçateur plus salient (cacahuète dans un bar pour augmenter la prise de boisson), en utilisant les personnages préférés de l’enfant, en montrant un autre enfant engagée dans l’activité et qui s’amuse.

Avant de mettre en place un apprentissage, nous devons passer par une phase de pairing (voir l’article à ce sujet). La personne doit avoir envie d’être avec vous, aimer être avec vous.

Les procédures :

L’enseignement va se mettre en place en créant la déprivation, en limitant l’accès au renforçateur. Cela peut se faire de différentes façons :

• Déprivation brève : implique d’avoir l’item visible mais dont l’accès n’est possible qu’avec une réponse verbale appropriée. On met cette procédure en place après une courte période pendant laquelle l’item n’était pas disponible.
• Chaîne interrompue : implique de retirer un item nécessaire à la réalisation d’une activité (composée d’une chaine de réponses) jusqu’à ce que l’enfant demande cet item (faire un puzzle, mettre la table).
• Apprentissage incident : implique de placer un item désiré sur une étagère, visible, hors de portée de l’enfant (par exemple) et l’adulte attend le mand pour donner l’item.

Quand la personne montre un intérêt pour l’objet/ activité :

• guider la réponse attendue
• donner accès au renforçateur demandé
• estomper les guidances au fur et à mesure de l’apprentissage de façon à ce que seule la motivation provoque la demande.