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Moyens alternatifs de communication : les signes

Les signes représentent un des moyens de communication alternative pouvant être enseignés aux personnes avec autisme. Les signes proviennent de la Langue Française des Signes mais peuvent être simplifiés ou légèrement modifiés en fonction des possibilités motrices de la personne.

Les études scientifiques ont mis en évidence que les signes représentent un moyen efficace de développer la communication chez des personnes avec autisme et que, comparativement au PECS, l’accès au langage oral est plus rapide.

 

Objectifs de l’approche :

L’utilisation des signes fait partie, avec le PECS, d’un des mode de communication alternative qu’il est possible d’enseigner à l’enfant avec autisme. Les signes s’adressent aux personnes non-verbales ou dont l’élocution ne leur permettent pas de bien se faire comprendre. L’objectif est donc de leur permettre de communiquer avec autrui.

 

Origines de l’approche :

La langue des signes française (LSF) est une langue visuelle qui utilise des gestes des mains et qui est utilisée par les personnes sourdes francophones et certaines personnes malentendantes pour communiquer. La LSF est signée par 100 000 à 200 000 personnes sourdes.

Les premières recherches concernant l’utilisation des signes avec une population de personnes autistes datent de 1978 et sont initiées par des Analystes du Comportement (ABA). Les résultats des premières recherches étaient déjà très intéressantes et montraient que l’utilisation des signes permettait une augmentation significative des demandes chez les enfants avec autisme. Enfin, l’étude de Tincani en 2004 conclut que l’utilisation des signes augmente la production de vocalises et donc les chances de développer le langage oral.

 

Principes d’intervention :

Le langage des signes français (LSF) est un système symbolique possèdant une phonologie et une syntaxe qui lui est propre. Les signes représentent des traits distinctifs des objets auxquels il renvoie. Par exemple, le mot « chat » est désigné gestuellement par les moustaches. Nous n’allons pas enseignée la LSF (avec sa syntaxe et ses particularités), mais utiliser les signes issus de la LSF pour enseigner aux enfants à communiquer.

Le choix des signes pour un enfant avec autisme repose avant tout sur ses possibilités au niveau moteur. Il n’est pas indispensable que l’enfant sache imiter des gestes (l’imitation peut apparaître par ailleurs) mais la présence de compétences d’imitation peut accélérer l’apprentissage.

Les signes sont d’abord utilisés pour enseigner à l’enfant à produire des demandes. Par exemple, si l’enfant veut un gâteau, l’adulte va guider physiquement l’enfant à réaliser le signe « gâteau » et lui offrira un gâteau en retour. Au fur et à mesure des essais, l’enfant va pouvoir comprendre que c’est la production du signe qui lui permet d’obtenir le gâteau et les guidances pourront être estompées.

Au moment d’offrir le gâteau à l’enfant, l’adulte doit toujours dire le mot « gâteau » distinctement. Cela permet à l’enfant de mettre un mot sur un objet et aide au développement des vocalises.

Il est important de n’enseigner que quelques signes à la fois et de commencer par les signes représentant ce qu’aime le plus l’enfant. Vous vous assurerez ainsi de développer chez l’enfant une très forte motivation à apprendre à communiquer et pourrez créer de nombreuses situations permettant d’entraîner l’enfant.

Il est possible de modifier légèrement le signe en fonction de l’âge ou des difficultés motrices de l’enfant. En effet, certains signes peuvent être complexes. Au fur et à mesure du temps et au fur et à mesure que l’enfant progresse au niveau moteur, il faudra lui apprendre le signe réel.

Enfin, toutes les personnes proches de l’enfant doivent connaître les signes enseignés pour pouvoir immédiatement lui répondre en situation de demande et pour s’assurer que tout le monde utilise les mêmes signes.

 

Efficacité et validité scientifique :

Les nombreuses recherches menées sur l’utilisation des signes avec des personnes autistes permettent de conclure, de manière scientifique, que c’est un mode de communication efficace pour cette population.

L’étude de Tincani (2004) montre que le PECS et les signes permettent d’augmenter le nombre de demandes de manière significative mais que l’utilisation des signes a un effet plus important sur la production de vocalise.

Enfin, les études de Mirenda (2003) et Edelson (2005) montrent que les enfants qui apprennent à utiliser des signes pour communiquer développent en général le langage oral de manière plus rapide. Ces résultats peuvent s’expliquer par le fait que les mêmes zones du cerveau sont activées durant la production de langage oral et la production de signes (Edelson, 2005, données obtenues grâce à l’imagerie cérébrale).

 

Avantages :

Outre les résultats des recherches, les signes ont un avantage certain par rapport aux autres modes de communication puisqu’il n’utilise aucun matériel particulier et est donc plus naturel et facilement utilisable au quotidien. C’est également une solution peu couteuse du fait de l’absence de matériel et de la disponibilité des signes sur Internet. Toute le monde peut donc enseigner les signes à l’enfant et il n’est pas nécessaire que ce soit un professionnel qui le mette en place (toutefois, les conseils de professionnels et des démonstrations peuvent être utiles pour commencer).

Enfin, l’apprentissage des signes a un effet bénéfique sur le développement du langage oral.

 

Inconvénients :

Les signes ne sont pas un mode de communication qui convient à toutes les personnes avec autisme. Dans le cas de troubles moteurs importants, c’est surtout le PECS qui sera mis en place.

Les signes ne peuvent être compris que par les initiés ce qui peut limiter les perspectives d’intégration future. Néanmoins, la famille apprend en général facilement la langue en même temps que l’enfant et les personnes en situation de surdité sont généralement bien intégrées de nos jours, ce qui pourrait également être le cas des personnes avec autisme communiquant avec des signes.

 

Pour approfondir :

– Comparing the Picture Exchange Communication System and Sign Language Training for Children with Autism. Tincani, M. (2004). Focus on Autism and Other Developmental Disabilities, 19(3), 152-163.

– Sematos : portail européen de la langue des signes : http://www.sematos.eu/lsf. – LSF, Langue des Signes Française : Dictionnaire et plus : http://www.lsfplus.fr/ – Dictionnaire collaboratif libre de Langue des Signes : http://www.wikisign.org/