Diminuer les comportements inadaptés est souvent une préoccupation majeure. Mais il est important d’être conscient que le comportement est qualifié d’inadapté selon notre point de vue, mais que pour la personne qui l’émet, il est adapté puisqu’il lui permet d’obtenir ce qu’elle désire. C’est la fonction du comportement.

L’analyse fonctionnelle va nous permettre de déterminer cette fonction. A quoi sert le comportement? Pourquoi est-ce que la personne s’engage dans ces comportements?

Un comportement a une forme, c’est ce à quoi il ressemble (taper, crier, se rouler par terre), et il a une fonction, c’est ce à quoi il sert (qu’est-ce que la personne obtient quand elle émet le comportement).

Connaitre la forme du comportement et bien la décrire est important, cela permettra que tout le monde parle de la même chose. Selon la forme du comportement, il y aura un niveau d’urgence associé (plus important quand il y a danger pour la personne ou pour son entourage).

Mais c’est la fonction qui va nous permettre de développer une intervention efficace pour diminuer la probabilité d’apparition de ce comportement.

Cette analyse fonctionnelle va se faire à travers le schéma A-B-C :

A —> B —> C

Nous allons observer le A, les antécédents, c’est-à-dire tout ce qui se passe avant que le comportement apparaisse, et nous allons observer le C, les conséquences, c’est-à-dire ce qui se passe juste après que le comportement soit apparu.

Si un comportement apparait et se maintient (continue d’apparaitre), c’est qu’il y a une conséquence renforçante qui suit le comportement. En d’autres termes, la personne a un intérêt à émettre ce comportement puisqu’il lui procure quelque chose qui lui plait.

Il y a 3 types de conséquences qui peuvent maintenir un comportement :

• le fait d’obtenir quelque chose de plaisant (un objet, une activité, de l’attention)
• le fait d’éviter ou d’échapper à quelque chose de non plaisant
• le comportement en lui même qui est plaisant.

Lorsque nous effectuons une analyse fonctionnelle, nous allons essayer de déterminer quel est le type de conséquences qui maintient le comportement.

A savoir : un même comportement peut avoir plusieurs fonctions (je peux crier pour obtenir la tablette, et aussi pour ne pas me brosser les dents), et plusieurs comportements peuvent avoir la même fonction (je peux crier, taper, et griffer pour obtenir la tablette).

Procédures pour identifier la fonction des comportements

Questionnaire / entretien

On va demander aux personnes de l’entourage de décrire ce qui se passe au moment de l’apparition des problèmes de comportement, ce qui se passe avant, après, à quel endroit etc.

Ce genre d’analyse fonctionnelle est assez peu sûre et en général, il faut essayer de compléter avec des observations.

L’entretien peut donner des premiers éléments sur les comportements, et renseigner sur des comportements qu’on ne peut pas observer directement (n’apparaissent pas en notre présence par exemple).

Les outils utilisés pour réaliser cet entretien sont :

• le FAST ( Functional Assessment Screening Tool) de Iwata et DeLeon (2005)
• l’EEF (Entretien d’Evaluation Fonctionnelle) de O’Neill, Horner Sprague, Albin (2008)

Analyse fonctionnelle par observation

Par observation, on va essayer d’identifier au maximum les conditions environnementales de l’apparition du comportement. On va noter les endroits où se déroulent le comportement, les personnes présentes, des antécédents plus spécifiques comme une consigne, un bruit soudain…

Pour cela, il existe différentes grilles :

• les grilles ABC qui permettent de noter le comportement, ce qui s’est passé avant et ce qui s’est passé après. Ces grilles permettent de noter de nombreux éléments, mais elles peuvent être longues à remplir et donc coûteuses.
• les grilles d’analyse fonctionnelle par observation, dans lesquelles on note les comportements, les antécédents, et les conséquences possibles, puis on coche les cases correspondant aux observations quand le comportement apparait. Cette grille est plus facile à remplir au moment où le comportement apparait, et permet de mettre en avant les récurrences plus facilement.
• les grilles d’analyse par dispersion : on note l’apparition du comportement en fonction des moments de la journée ou de la semaine (permet de mettre en lien avec des activités, des personnes, des lieux…).

Analyse fonctionnelle expérimentale

Le but est de déterminer clairement les antécédents qui ont un contrôle sur le comportement et les conséquences qui le maintiennent, par la manipulation des variables mises en jeu. Cette analyse ne peut se faire qu’avec un professionnel expérimenté (BCBA).

Différents facteurs antécédents sont à prendre en compte dans une analyse fonctionnelle :

• L’environnement général (peu d’activités plaisantes à disposition, le bruit, la lumière, le monde, la présence ou l’absence de personnes spécifiques…
• L’organisme (la santé -maladie, allergie, maux de tête…-, faim, soif, l’état émotionnel -colère, jalousie… -, l’état de l’organisme -fatigue, menstruations…-)
• La tâche (trop difficile, trop facile, la vitesse des tâches, le manque de variété, le manque de choix, le manque d’intérêt de la tâche)
• Les antécédents spécifiques (changement soudain de l’environnement, l’introduction de nouvelles tâches, des demandes excessives, des instructions imprécises, le retrait d’une activité plaisante, la présentation de quelque chose de non plaisant, l’attente…)