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Peu d’intérêts! Comment les développer?

Chercher à développer les centres d’intérêts chez une personne qui aime peu de choses est une tâche qui se révèle bien souvent compliquée. C’est pourtant un axe prioritaire de travail, car de cela découle les autres apprentissages. La motivation étant au centre des apprentissages, nous avons besoin de préférences pour pouvoir enseigner diverses compétences. Et même pour des personnes qui a déjà plusieurs centres d’intérêts, il est aussi important de continuer à développer les intérêts, pour éviter de se retrouver bloqué suite à une lassitude de la personne.

Comment pouvons-nous développer les centres d’intérêts ?

Une première étape sera de faire une bonne évaluation des préférences à partir de questionnaires, d’observations et/ ou de tests (voir l’article à ce sujet). Cette évaluation nous permettra de bien connaitre ce qu’aime la personne. Nous classerons les items et activités par ordre de préférence.

Une fois les préférences actuelles bien déterminées, nous allons pouvoir commencer à en développer de nouvelles. Pour aimer quelque chose, il faut le connaitre et avoir quelques compétences dans son utilisation. Quand nous présentons un nouvel objet ou activité à la personne, il est important d’avoir cela en tête. Si elle ne montre pas d’intérêt immédiatement, cela ne veut pas dire que ça ne viendra pas plus tard. Il faut donc une certaine dose de patience.

Une stratégie consiste à présenter des items et activités en lien avec ce qu’aime déjà la personne. Par exemple, si un enfant aime un jouet musical en particulier, nous allons commencer en explorant de nouveaux jouets musicaux, puis l’écoute de musiques similaires à celle des jouets musicaux, puis de nouvelles musiques… Nous pourrons tester également la manipulation d’instruments de musique. Nous avons ciblé, dans cet exemple, que la personne avait une préférence pour les stimuli auditifs, nous allons chercher dans ce sens là.

Lorsque nous présentons un nouvel item ou activité, il est important de ne donner aucune consigne. Nous allons démontrer en utilisant l’objet/ activité devant la personne, commenter ce que nous faisons, et surtout montrer que nous nous amusons beaucoup en l’utilisant. Nous pouvons d’ailleurs faire de même en groupe, et inciter d’autres personnes du même groupe d’âge à utiliser l’activité en s’amusant. Cela sera plus efficace si nous-même ou les personnes démontrant l’activité sommes pairés avec la personne pour qui on souhaite développer les centres d’intérêts (voir l’article sur le pairing).

Nous devrons présenter plusieurs fois un même objet/ activité. Ne vous découragez pas!

Une deuxième stratégie consiste à développer autour d’un centre d’intérêt existant (construire autour). Par exemple, si la personne a comme unique intérêt la nourriture, nous pouvons proposer des activités autour de la nourriture, c’est-à-dire : faire une liste de courses, faire les courses, faire la cuisine, mettre la table… (à individualiser en fonction de la personne). Par association avec la nourriture, ces activités peuvent devenir intéressante en elle-même.

Une autre stratégie consiste à faire, ce que nous appelons, du pairing d’items ou d’activités. Cela consiste à associer une activité préférée à une activité neutre (qui n’a pas d’intérêt pour la personne) pour laquelle nous souhaitons développer un intérêt. Pour cela, il faut pouvoir faire les deux activités en même temps, comme par exemple écouter de la musique (activité préférée) en dessinant (activité neutre). Ce travail doit se faire avec les préférences actuelles de la personne, et si elle n’aime que la nourriture, ou si elle apprécie des stimulations sensorielles à travers des stéréotypies, il peut être envisagé d’utiliser ces sources de renforcement pour en développer de nouvelles.

Afin de mettre toutes les chances de notre côté dans ce type de programme, nous devons prendre en compte l’emploi du temps de la personne. Si elle a de longues journées inoccupées, nous devrons enrichir ses journées avec des sorties, des activités programmées, instaurer des routines, pour que toutes les heures d’une même journée et que toutes les journées ne se ressemblent pas. Des programmes d’autonomie personnelle, d’autonomie dans des activités de la vie quotidienne, dans les jeux (pour les enfants) devront être développés en parallèle. Cela permettra que la personne ait moins de temps « libres » dans lesquels elle s’adonne à ses centres d’intérêts, ce qui limitera les effets de lassitude et pour d’autres nous aidera à diminuer l’effet trop puissant d’un intérêt particulier (les écrans par exemple) qui peut être une barrière au développement de nouveaux intérêts.

Développer les centres d’intérêts demande beaucoup de patience, mais également de l’imagination et de la créativité. Il est important de se renouveler dans ce que nous présentons, mais également dans la façon de le présenter.
Observer bien la personne, c’est elle qui vous orientera vers les bonnes pistes.

Et gardez en tête, si un objet/ activité ne fonctionne pas aujourd’hui, c’est possible que cela fonctionne demain ou dans deux mois.